Donner une suite au poème d’Arthur Raimbaud
« Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. »
Et ces fleuves impassibles devenaient pour moi, p’tit mousse
De grands fleuves impossibles : ils me mettaient la frousse.
Les chevaux nous hélant sur la berge, hennissants,
Protestaient à leur manière, des cordages étranglant
Un blafard arc en ciel transperçait les nuages
Les herbes mutées en gris, dans l’eau faisaient naufrage
L’horizon était sombre, avec des éclairs noirs
Et sombre devenait aussi mon désespoir.
Je n’avais plus de certitude, désespérant alors
Qu’à jamais je ne revisse mes amours du port
Ce port qu’hier j’avais laissé pour cette obscure bordée
Ainsi, ivre de vagues, amèrement, alors j’ai regretté.
Et ces regrets alourdissaient mon angoisse,
Cette fois c’est certain j’étais bien dans la poisse
Même les exocets s’en mêlaient, sautant dans le sillage
Opacifiant le ciel d’un désespérant présage
C’est alors qu’amerrit dans ces flots déchainés
Une belle sirène aux nageoires déployées
Par ses chants, m’invitât dans ses abysses sans fin
Où elle me maintient encore, éploré, captif séraphin.
Jak Bricoleurs de mots