2014-05-28T20:42:00+02:00

L’école en 1940

Publié par JAK
Note: j'ai retrouvé cette lettre que j'avais faite à notre Charles  pour sa rentrée en primaire...
 Il a aujourd'hui 16 ans... elle n'est pas d'hier,
mais j'avais envie de la publier...
L’école
Vers 1940
Souvenirs des grands parents de Charles


-Pour sa rentrée en primaire-






 Mon petit Charles,
Cette année, pour toi c’est celui de la découverte ; tu apprends à lire, à compter, avec de nouveaux camarades, une nouvelle maîtresse…

Peux-tu t’imaginer que ta « mamie » Klyne à fait la même chose, il y a plus de soixante ans ?  
*

Je vais essayer de te raconter une journée de cette époque.


Dans lécole publique de mamy Jak à Saint Chamond



Le jour de la rentrée, fraîches et proprettes, très intimidées, nous partions pour  l’école, accompagnés de nos mamans.

Impressionnés par la  grande cour, (séparée de celle des garçons qui n’étaient pas dans les mêmes classes que nous les filles).

Nous n’avions pas de cartable, mais une petite mallette contenant le goûter de la récré et qui sentait bon la banane...


Voici le déroulé de notre journée

La sirène 
U sonne l’heure de la rentrée :
 les portes se ferment, (gare aux retardataires !)


Nous nous regroupons en rang, pas un geste, pas un mot, pour rejoindre nos classes respectives, les petites d’abord (c’est à dire nous) sous le regard des grandes qui se moquent de notre air emprunté. 

Après avoir accroché nos vestes ou manteaux aux patères du  vestiaire et enfilé une blouse (obligatoire), nous allons dans la classe et attendons l’ordre de la maîtresse pour nous asseoir, ce qui est fait d’un claquement de mains.

Nous levons le pupitre de notre bureau pour sortir nos porte-plume, ainsi que cahiers et livres de lecture 
(à cette époque nous laissions tous nos livres et crayons en classe). Point de cartables ou sacs à dos lourds comme aujourd’hui, légers comme des abeilles nous étions !)

 Nous avons un bureau pour deux, en bois ciré. Sur le dessus, il y a un encrier en porcelaine posé dans un trou et rempli d’encre violette. Une sorte de rainure  retient nos porte-plume lorsque nous n’écrivons plus.

A lphabet

C’est la séance d’écriture, sur un cahier avec des lignes et espaces, nous entreprenons de remplir notre page de lettres bien formées, écriture penchée obligatoire, avec des pleins et des déliés, gare aux taches d’encre 
ZE, car c’est très difficile de remonter les déliés sans faire de gros plâtras. Nous nous servons de nos buvards pour éponger le surplus d’encre. (Le stylo Bic n'était pas né)

1 +2 +3 +4=10

Après l’écriture, c’est le calcul. Dans le casier de  notre bureau, il y a aussi des bûchettes. Sais-tu ce que c’est ?, et bien je t’explique :

Les bûchettes étaient des petits bouts de bois ou de carton, réunis en paquets de dix, avec lesquelles nous apprenions à compter.
Par exemple deux paquets de dix bûchettes ? Cela fait combien ? À toi de me le dire…

C’est ainsi que nous devenions « savants » en calcul...

A la récrée, bien méritée après tous ces efforts, nous mangeons la banane ou le biscuit soigneusement mis pas notre mère dans la petite mallette, et alors, cris, courses et jeux nous détendent. Nous les filles nous nous divertissons à la marelle, aux osselets, les garçons au gendarme et au voleur, et aux billes.


Après la récréation  nous reprenons la classe jusqu’à onze heure trente.

Nous avons une « leçon de morale », où l’on nous apprend le sens civique, c’est à dire comment on doit se comporter dans la vie, vis à vis de nos amis, parents, des gens rencontrés dans la rue, on nous apprend à vivre en harmonie avec la société.

Si au cours de la classe une élève est indisciplinée elle a droit à un étirement  d’oreille, où une mise au « piquet », texte à copier en plusieurs fois à la maison, , et plus grave un envoi chez la directrice.

Les plus mauvais élèves sont mis au ban : ils ont un bonnet d’âne ou une pancarte dans le dos, ou il est écrit:

« Cancre » 

 et ils ont honte d'être exposés devant  tous les copains!


A cette l’époque de la guerre 39-45,  pendant la récrée on nous distribue du lait concentré, bien agréable, meilleur que l’huile de foie de morue, que l’on nous sert   aussi parfois !


Puis c’est la sortie, avec je suppose, le même élan que le votre aujourd’hui !

A 13h30, reprise de la classe sur le même rythme que le matin, entrecoupée d’une récréation, 

b + a -BA

C’est l’heure de la lecture : b plus a = BA 

 m et u = MU… et ainsi de suite... 

Simple mais efficace, à Noël, nous savons tous lire. 

Une fois par semaine séance de gymnastique, dans la cour, ou sous le préau si il pleut.

Pas de tenue spéciale pour cela (ni jogging ni basket) on enlève seulement notre tablier, et bras en avant, en arrière
Respiration,
 Penché vers le sol,

 Sautillements, c’est simple, mais cela étire nos muscles

Comme tu le vois, il y a soixante ans (c’est loin pour toi,) nous nous instruisions sagement, pour nous préparer à devenir des
  « Grands ».

Nous apprenions, tout comme on va te l'enseigner aujourd’hui, que par notre travail scolaire nous préparons notre avenir.




Dans lécole publique de papy Roger à Cossanges



Souvenirs recueillis de Papy  et que je te retranscris:

"Je me souviens d’une grande salle haute de plafond avec un poêle à bois au milieu.

Chacun à son tour devait apporter une bûche. L’hiver nous posions nos sabots ou nos galoches dans le couloir, dans la classe nous gardions seulemnt nos  chaussons tricotés avec de la grosse laine du pays confectionnés par les mères.

 Il n’y avait que des garçons, les filles allaient soit à l’école privée de Salettes ou au Monastier en pension ou demi-pension. (3 et 15 klm)

Dans notre
 classe unique nous étions une trentaine d élèves de 6 à 13 ans. 

Aujourd’hui je revois encore notre instituteur.

 Du haut de mes huit ans il m’apparaissait assez grand, un chapeau informe qu’il quittait rarement et surtout un mégot de cigarette qu’il roulait lui même dans  un carton de papier à cigarette JOB non gommé, puisant le tabac dans une blague en peau de porc. Avec sa grande blouse grise toujours tachée d’encre. 

Il habitait au dessus de la classe.


Il y avait 3 sections différentes.

La primaire, la moyenne et la supérieure.

Le maître répartissait le travail dans les différents groupes, aidé du meilleur élève de la grande section,

 -La primaire avec des bûchettes pour le calcul, et des lettres, A B C D, pour la lecture.
et
 -La moyenne avec des problèmes 

tandis que le maitre s’occupait de
- la section supérieure pour lui faire suivre les cours du programme du certificat d’Etudes.
(beaucoup de géographie et d’histoire – département par cœur                                ainsi que noms des préfectures )

Ainsi, en déléguant un bon élève de la section supérieure pour faire travailler les petits et les moyens, lorsque lui-même était surchargé avec les grands.et inversement  se charger des petits et des moyens lorsque les grands faisaient leurs devoirs, il avait trouvé une solution qui satisfaisait tout le monde.
 Et les petits savaient ainsi beaucoup de choses avant l'heure.

Une fois par semaine il nous parlait de la France notre patrie et nous enseignait l’instruction civique. Cette séance se terminait par la Marseillaise ou l’hymne à la Joie de Beethoven   ♪♫♪♫

Les fournitures   restaient à l’école, pas de devoirs à la maison, car il y avait trop de travail à la ferme pour tous ces écoliers

Notre  maître était  sévère mais juste. Jamais de punitions corporelles, cependant les grands,  devaient venir ½ heure avant pour casser du petit bois, et allumer le poêle, nettoyer la cour de récréation, balayer les escaliers de son appartement, la corvée en somme.

Les punis restaient ¼ d’heure dans le couloir mains dans le dos avec un bonnet d’âne sur la tête ce qui déclenchait le rire de toute la classe. Il pleurait en silence vexé, tout en reniflant.

Quant aux petits, ils allaient au piquet mais réprimandés avec plus de douceur.

En cas de grosses bêtises il avertissait nos parents, et là, attention  à nos oreilles! 

Aujourd’hui je pense que ce maître était très organisé, il avait beaucoup de réussite au certificat d’études.  

Nous l’aimions tous.


* réactualiser  :)


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commentaires
A
Super témoignages et très touchant !
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E
J&#39;aime énormément les mémoires de Mamy Klyne et celles de Papy. On y lit entre les lignes toute ta tendresse, tous les bons souvenirs (même les mauvais deviennent des bons!) et le respect de tout...<br />J&#39;aime vraiment beaucoup et certains passages sont délicieux.<br />Bises d&#39;Ep&#39;
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