Il se dit qu’il connait ce baiser….
Jean a déjà eu cette sensation de chaleur, cette odeur de menthe fraiche sur ses lèvres, cette douceur humide, il essaie de se remémorer….
Autour de lui des bruits qu’il ne reconnait pas, un paysage flou, des allées et venues incessantes dont il ne discerne pas le pourquoi…
Puis une lumière jaillit, il revoit alors tout ce que cette sensation paramnésique lui a donnée, celle d’un baiser déjà reçu.
C’était ….Il avait 20 ans, jeune étudiant en médecine, la vie était mirifique.
Les amours changeantes. Cela n’apportait aucune difficulté à son assiduité dans ses études : il voulait obtenir ses diplômes avec mention et s’en donnait la peine.
Une amourette cependant le titillait d’avantage, cette belle hongroise venue faire médecine en France avait ses faveurs plus particulières et assidues. Avec elle, il avait envie de faire un bout de chemin.
Ils s’étaient rencontrés, non pas sur les bancs de la Fac, mais devant une sculpture de Rodin, au musée de l’artiste dans le 7°, le fameux Baiser si envoutant.
Ils avaient commenté leurs impressions, énoncé leur connaissance sur le sujet et repassé la vie de Rodin passionné, souligné avec fougue les relations que l’artiste avait eut avec Camile Claudel, sa jeune élève.
Et l’évocation de ce grand amour avait paru être les prémices d’une histoire qui promettait de durer…
Ils avaient été surpris et enchantés d’avoir le même engouement pour la médecine, seule une année de prépa. les séparaient...
Rapidement ils s’étaient revus, et leur accord était parfait.
Jamais encore Jean n’avait gouté une telle fièvre. Tout était enivrant, leur étreinte fougueuse, les baisers de Dalma au gout d’exotisme, cette inouïe douceur labiale, cette fraiche odeur de menthe poivrée, la douceur de sa peau qui frissonnait sous ses caresses…
Tous ces souvenirs affluaient dans sa tête, cela le chamboulait, un tourbillon vertigineux semblait l’embraser, il voulait se lever, à nouveau toucher, concrétiser cette sensation, retrouver ce baiser qui n’avait jamais quitté les limbes de son subconscient…
Mais il ne pouvait pas.
Victime d’un malaise cardiaque, un médecin, une femme, au doux prénom de Dalma, lui faisait du « bouche à bouche » dans l’ambulance.
Les monitors s’affolaient, le signal électrique allait s’amenuisant …
Pourrait-elle le sauver ? Jak pour Passeurs de mots janvier 2014