2014-11-08T17:16:00+01:00

Monologue d’une arrière grand-mère un soir de noce

Publié par JAK
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se passe dans les années 1886 l’arrière grand-mère  coté famille du marié  se serait mariée vers 1821  
je dois raconter en qualité d’arrière grand-mère  à Clémentine (nièce du marié) agée de 4 ans ,ce qu’est le mariage.
 
 

 

 

 
 
 
 
Dors ma petite  Clémentine  tu étais bien épuisée ce tantôt. Maintenant au calme dans  cette chambre aux volets fermés,  je suis là pour veiller sur toi. Mes pensées vagabondent pendant que je te regarde, abandonnée dans tes rêves.
 
Ce jour même,  ton oncle Clément s’est marié, sa jeune femme, Marie était  bien joliette avec sa couronne en fleurs de pêches.
 
Le repas presque terminé, toutes deux  nous nous sommes éclipsées. Les convives, parents amis, continuent  la fête,  d’ici, on entend légèrement les rires qui s’échappent.
 
 Pour lors, cette journée a été très active et épuisante    pour nous deux. Toi avec  tes habitudes de petite fille de 4 printemps, au  calme de la campagne. Moi avec les ans  qui, maintenant  semblent me peser d’avantage, et me font perdre mon allégresse pour les festivités.
 
A cette heure tardive,  la lassitude m’a gagnée, et il me tarde de  quitter ma coiffe rigide et  de desserrer ce col qui m’étouffe.
 
 
Dors ma petite  Clémentine, je vais te conter une histoire, celle de mon mariage.
 
 
Il s’en est écoulé de l’eau sous les ponts depuis  que  je fus, en cette année qui a vu la mort de Napoléon,  une jeune épousée, comme Marie aujourd’hui.
 
Ce jour là, ton arrière grand-père devait se sentir  plein d'importance à mes   côtés : il était fier  d’avoir épousé une belle gaillarde, robuste et  bien charpentée, prête à lui donner une nombreuse famille. Mais moi je rageais en silence.
Je ne voulais pas me marier tout au moins avec lui ;  mais en fille résignée j’avais concédé.
Je rêvais de l’instituteur. Mon père disait que les mains sachant forger les belles lettres,  pour travailler la terre,  c’était inutile, seuls des bras vigoureux suffisaient  et surtout, de surcroit,   avoir  un gendre possédant  des biens au soleil cela lui  permettait  d’agrandir encore et d’avantage le domaine.
En  ce début de XIXe siècle, une fille devait obéissance à ses pères et mères.
A mon  époque, pour un mariage,  les intérêts financiers et patrimoniaux étaient liés, offrant de surcroit  la plupart du temps des  gages de durée.
Alliés à la robustesse de la santé de l’épousée, dans les campagnes, cela devenait un atout majeur.
 
Je n'avais pas l'esprit de révolte qui commençait cependant à poindre chez certaines femmes,  des écrivains et philosophes en faisait leur profession de foi, mais ce n’étaient que balbutiements.
 
Je me suis mariée contre mon gré. Il m’en a fallu des années pour que je ne pleure plus en silence.
 
Mais au bout du compte, mon grand bonheur, la récompense ultime,  a été mes enfants, mes petits enfants, dont l’un marie aujourd’hui son fils Clément,  mes chers arrière-petits, toi Clémentine et Octave encore bébé, sans oublier ton arrière grand père qui a su se faire aimer.
 
 
Ce matin sur la chaise en velours rouge  de l’Hôtel de Ville, je t’observais. Tu étais très sage, écoutant avec attention tout ce que disais le maire,  ce monsieur avec une barbiche blanche .Je me demandais si c’était son apparence  inhabituelle pour toi,  costume Empire, ceint d’une écharpe et  épée au côté, qui t’intriguaient, ou  les paroles qu’il énonçait avec fermeté.
Et lorsqu’il à prononcé d’une voix ferme :
« Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance»,
j’ai été surprise de te voir  ouvrir la bouche en forme de O interrogateur.
Mais tu n’as pu comprendre le sens sibyllin   de cette phrase.
 
Dors ma petite  Clémentine, je vais essayer de te faire découvrir les arcanes   du mariage,  qui est une bien  belle institution. Je le reconnais maintenant  après les réticences de ma jeunesse.
Il est fondé  sur la confiance réciproque, la compréhension de l’autre, le respect. Sommes toutes il met en  en exergue la  tolérance, une de ses  qualité primordiales. 
 Il ne se  construit pas en un jour cependant.
Il en faut de la patience, peut-être du renoncement, et surtout  une détermination volontaire, jusqu'au-boutiste, pour fonder une famille.
C’est un projet de vie à deux, non pas en fonction de son propre égo, mais dans un but de soutien harmonieux et durable,  avec en perspective une  vie entière à deux, parfaitement équilibrée.
 L’amour n’en sera pas exempt, qu’il soit présent depuis le premier jour, où venu après. Il se transformera au fil des ans en  affection, en reconnaissance, en appui et égard mutuel. 
Et quelle splendide  apothéose que, celle où un couple fête, la main dans la main, ses noces d’or entouré de sa progéniture !
 
Dors ma petite Clémentine,  j’espère que peut être  dans ton subconscient mes paroles s’engrangeront et porteront leurs fruits.
 
Je souhaite que tu puisses, malgré les incertitudes  qui vont  poindre leur nez,  avoir le bonheur  de mener à bien  ce grand projet, dans ses limites les plus grandes.
 
 
 
 
 
Au diable les présages, prémonitions, qui annonceraient les unions éphémères, volatiles  des ans à venir
 
 
 

 

 

 

JAK 4 11 2014
pour
http://azacamopol.over-blog.com/article-le-mariage-mise-a-jour-124118135.html   
 

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commentaires
F
Un très beau texte sans trop de nostalgie heureusement, quoiqu'il arrive la vie à deux mariage ou pas est un grand saut, une aventure et personne d'autre que soi-même peut en décider quelque soit l'époque ou le contexte social, les choses ont changé et heureusement mais l'incertitude semble tarabusquer l'arrière Grand-mère ? Bonne soirée.
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Q
Un immense merci, Jak.<br /><br />Ton texte est vraiment très beau. Je suis très heureuse que tu participes et que tu puisses raconter ainsi à Cémentine, un autre personnage de notre Mariage, ceux d&#39;autrefois et leurs contraintes.<br /><br />Bisous et douce soirée.
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